Sagan : l'arc-en-ciel après la tempête

Éditorial.

Sa victoire pleine de panache dimanche à Audenarde, au terme d’une superbe 100e édition du Tour des Flandres, a laissé entrevoir un arc-en-ciel après une matinée de forte tempête sur le monde du cyclisme, à l’heure où celui-ci pourrait être rattrapé par un nouveau scandale. L’hebdo britannique « The Sunday Times » a révélé que 150 sportifs de haut-niveau, dont « des cyclistes britanniques ayant couru le Tour de France », se sont fait prescrire — par Mark Bonar, un médecin britannique dans le collimateur des instances depuis deux ans — des produits interdits parmi lesquels « de l’EPO, des stéroïdes et de l'hormone de croissance ».

Peter Sagan, lui, n’avait que faire de cette nouvelle polémique lorsqu’il décrochait de sa roue Sep Vanmarcke dans le Paterberg, ultime mont du Ronde Van Vlaanderen, et filait seul écrire une nouvelle page de son histoire. Une vingtaine de minutes plus tard, le Slovaque pouvait savourer un succès éclatant et acquis avec la manière, comme à son habitude. Il attendit cette fois de franchir la ligne pour faire le show devant les photographes et surtout devant un public qui l’apprécie tant, qui l’idolâtrerait presque. Il venait d’inscrire son nom à un monument de son sport pour la première fois, rejoignant Louison Bobet, Rik Van Looy, Eddy Merckx (deux fois) et Tom Boonen comme champions du monde triomphants aux Flandres avec la tunique arc-en-ciel. Sept mois auparavant, son sacre à Richmond était déjà salué par tous comme « la victoire d’un mec qui fait un bien fou au vélo ».

Au-delà de ses extraordinaires qualités sportives, Sagan a un style de vie, une façon de transposer son sport dans une sorte de folie. Lui voit le cyclisme comme un jeu et c’est cela qui le rend si sympathique aux yeux du grand public. « Je ne cours pas pour devenir une légende » martèle-t-il. Même loin de la route, en VTT sur la neige de Courchevel ou en imitateur de John Travolta pour souhaiter à sa façon la bonne année, l’homme de vingt-six ans épate. Encore et sans cesse. Et dimanche, sur Paris-Roubaix, le public venant de France et d’ailleurs l’attendra pour l’encourager et le guider vers un nouveau succès de prestige. Car aujourd’hui, quand Sagan gagne, c’est le cyclisme qui gagne ! Ainsi va le vélo, contre vents et marées, qui continue d’exister et d’évoluer.

Photo : Panoramic.

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