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Nous y voilà ! Les membres de la commission de la Fifa ont donc décidé à l’unanimité, ce mardi, d’exaucer le voeu de Gianni Infantino, le patron du foot mondial, en élargissant la Coupe du Monde à 48 équipes. À partir de 2026, les « petites » nations auront une chance incroyable de participer à la compétition reine du sport roi. Ça, c’est l’argument béton vendu par la fédération international et son pragmatique président. L’instance, elle, y gagnera grandement, avec des bénéfices estimés à 640 millions de dollars en plus par rapport au format actuel. Vraiment magnifique…

 

Mais un Mondial à 48, est-ce bien raisonnable ? On parle-là d’un évènement majeur, longtemps réservé à une élite : aux meilleurs. La possibilité de voir n’importe qui prendre part à la Coupe du Monde me donne l’impression que la Fifa a fait n’importe quoi. Peut-être est-ce une pensée hypocrite de ma part. Dans dix ans, il est fort probable que je sois le premier à m’extasier devant l’exploit d’un novice, qui éliminerait, comme l’Islande lors du dernier Euro, une place forte du foot mondial. Mais cette révolution fait un perdant d’avance : le football.

 

L’Euro 2016 avait pourtant quelques leçons à enseigner. Sa nouvelle formule à vingt-quatre équipes au lieu de seize n’a pas convaincu tout le monde, moi compris. Il y a effectivement eu plus de matches, des surprises et un succès populaire — et financier — réel, mais le spectacle n’a pas été meilleur pour autant. Le niveau globale ne fut même pas du tout enthousiasmant et la phase de groupes n’a, à vrai dire, servi à rien. Futur vainqueur, le Portugal n’a pas eu besoin de gagner un match pour se qualifier en huitièmes — ce qui n’enlève rien à son mérite sur l’ensemble de la compétition. 

 

Avec 48 participants, la Coupe du Monde va assurément perdre en saveur, du fait de premiers tours moins intéressants. Les rencontres qui comptent arriveront quand même, mais plus tard. Pas sûr que cette idée plaise aux amateurs de football. Le soi-disant suspense n’existe pas. Les équipes à la fin du voyage seront les mêmes qu’à 32. Mais cela n’a pas empêché Gianni Infantino de faire passer sa proposition, comme attendu. L’Italo-Suisse est après tout un pur produit du système, un innovateur formé à l’école de l’UEFA qui sait comment fonctionne une instance. En tout cas, sept ans après l’attribution de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, voilà encore une bien belle folie de la Fifa. Absurde.

 

Sam Myon

 

Photos : Panoramic.

 

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