Solidaires castrais

Retrouvailles, le mot pour qualifier ce match entre Castres et le Racing-Métro. Retrouvailles pour une majeure partie du staff francilien avec son public, son stade, et sa ville de Castres. Une majeure partie du staff francilien championne de France avec Castres l’an dernier. Laurent Travers et Laurent Labit, les entraîneurs, partis avec un joueur, Marc Andreu, à l’intersaison après avoir fêté le Bouclier de Brennus. Retrouvailles aussi pour Michel Miro et Philippe Gascou, les préparateurs physiques eux aussi champions de France avec Castres l’an passé. Retrouvailles pour Anthony Marhuenda, analyste vidéo, lui aussi artisan de l’ombre du sacre castrais l’an dernier. Ce dernier affrontera même son frère, Maxime, qui est devenu, après le départ de son frère en Ile-de-France, le nouvel analyste vidéo du Castres Olympique.

Si les retrouvailles pouvaient s’effectuer pendant l’avant match, une fois le coup de sifflet donné, les sentiments étaient mis de côté. Comme à leur habitude, les Castrais ont vite écarté les ballons, vite envoyé du jeu vers leurs lignes arrières. Comme à leur habitude aussi, ils ne concrétisèrent pas. Benjamin Lapeyre, à la récupération d’un dégagement castrais, ouvrit le score d’un magnifique drop d’un peu plus de 50 mètres à gauche des perches. Une avance de 3 points qui ne durera pas longtemps, ce sera la seule fois du match que les franciliens auront été devants. En envoyant du jeu, les castrais vont vite avoir des occasions d’essais. Après un beau mouvement des arrières et même des avants, à 10m de l’en-but, Brice Mach s’apprêtait à recevoir le ballon mais un racingman vint couper la trajectoire du ballon. Une faute que l’arbitre de la rencontre ne verra pas, sifflant un en-avant du talonneur castrais. Les castrais réussiront tout de même à convertir ces envolées par des pénalités transformées grâce au pied de Rory Kockott. Des pénalités qui porteront le score à 6 à 3 en faveur des locaux jusqu’à la 28ème minute. 28ème minute, moment choisi par les castrais de porter une nouvelle charge face à la défense ciel et blanche. En bout de ligne, l’ailier de poche anglais, Marcel Garvey, récupérait le ballon. Il poursuivit sa course au pied sur 40 mètres et donna un dernier coup dans le ballon au nez et à la barbe de son ancien coéquipier, Marc Andreu, à 5m de la ligne d’en-but. Dans l’en-but plus personne ne pouvait s’opposer à ce que Garvey marque le premier essai du match. Enfin un mouvement concrétisé de la plus belle des manières par les castrais. Un essai qui sera transformé par l’ouvreur maison : Rory Kockott. Son adversaire du jour, l’irlandais Jonny Sexton, réduira le score avant que les deux équipes rentrent au vestiaire sur un score de 13 à 9 en faveur des Tarnais.

Pour combler ces 15 minutes de pause, le Castres Olympique et la radio locale, 100% radio, ont invité le chanteur Brice Conrad à interpréter son tube : « Oh la ». Un petit moment de détente apprécié, ou pas, avant que les joueurs reviennent dans l’arène.

On prend les mêmes et on recommence ? Pas exactement, puisque Brice Dulin, l’arrière castrais, a été remplacé, sorti sur blessure. Le kiné du club, Matthieu Cathoën nous confirmera sa blessure, il peut s’agir d’une torsion du genou gauche mais « Brice arrive à marcher malgré sa douleur », telles sont les paroles du membre du staff castrais. Une deuxième mi-temps qui reprend avec les mêmes intentions offensives des castrais : aller vers l’avant. Mais comme en première mi-temps, et comme pour les précédents matchs, ces efforts, ces mouvement, ne furent pas concrétisés. Les Tarnais concédant beaucoup de turn-overs. Mais si les Racingmen avaient les mains sur le ballon, les grandes envolées n’eurent pas lieu. Le match prenait une tournure différente. Le jeu était plus hâché, les fautes se succédaient, les joueurs se « réchauffaient », et le public castrais criait. Si des pénalités furent marquées pour rajouter quelques points aux statistiques, la deuxième mi-temps n’est pas à retenir pour le spectacle mais pour la solidarité de l'équipe castraise. Réduite à 14 à la 70ème minute après l'exclusion temporaire d'Antonie Claassen, les castrais vont se montrées soudés, solidaires, résistants, pour tenir le score et leur victoire durant les dernières minutes.

Le retour aux sources de Benjamin Lapeyre

Aujourd’hui au Racing-Métro, et ayant porté les couleurs de Toulon auparavant, revenait dans son Tarn natal. L’arrière a été formé à Castres, et a même joué quelques matchs avec l’équipe pro dans sa jeune carrière. Il s’est investi dans son club formateur aussi en ayant entraîné les jeunes de l’école de rugby du Castres Olympique, arborant à de nombreux entraînements le maillot de son idole Ben Cohen. Puis, le sage, parti malheureusement trop tôt, Eric Béchu, l’a recruté à Albi où il a retrouvé le Top 14 avec le SCA. Puis la suite on la connaît : Toulon, champion d’Europe, et le Racing, même si il était sur les tablettes de Castres à l’intersaison.

Réactions d’après-match

Rémi Talès (capitaine, Castres) : « On a les quatre points de la victoire, c’est bien. On a pris du plaisir en première mi-temps, c’est du positif. Le carton jaune d’Antonie Claassen, nous a permis d’être encore plus solidaires à quatorze, de serrer les coudes. Si on continue à jouer comme cela, à développer notre jeu, on va marquer beaucoup plus d’essais. Pour ma part, je me suis bien senti, c’est le premier match où je n’ai pas eu mal aux jambes. »

David Darricarrère (entraîneur, Castres) : « Encore une fois, on a pas su concrétiser à chaque fois. Le match a failli basculer des deux côtés. L’essai refusé à Brice Mach est un aléa du match, je pense que l’arbitre se précipite un peu et ne voit pas l’en-avant volontaire. A l’avenir il faudra être plus réaliste, il faudra travailler plus pour pouvoir scorer. Tant que l’on ne gagnera pas à l’extérieur, on aura la pression à domicile. »

Henry Chavancy (capitaine, Racing-Métro) : « On a pas été loin de ramener quelque chose. Il nous a manqué un peu de précision dans le dernier geste, une peu de discipline. On espérait avoir mieux même si on savait que ça allait être très compliqué. Le point positif c’est qu’on ramène un point, ce qui peut compter à la fin. L’équipe a montré beaucoup de solidarité, beaucoup d’envie, beaucoup d’abnégation. On était menés, on a pas lâché, on a su revenir. C’est ce qu’il faudra retenir pour le match samedi contre Grenoble. »

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