Source Wikipédia
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Alors que la trêve hivernale va bientôt s’achever que certains cyclistes ont prolongé et que d’autres ont trouvé leur bonheur dans différentes équipes, nous avons pu interviewer Pierre-Yves Chatelon, officiellement entraineur national de l’équipe de France route Espoir, en charge de la coordination de la filière route/cyclo-cross et membre de la commission route UCI.

Depuis plus de 10 ans, ce passionné s’occupe de toutes les catégories de Juniors à Elite mais, nouveauté car depuis 2014, Pierre-Yves a un collègue qui le seconde.

En quoi consiste le métier de sélectionneur ?

Il faut tout d’abord savoir qu’un sélectionneur est aussi celui qui entraine son groupe et en route Espoir c’est-à-dire des jeunes de 19 à 22 ans, Pierre-Yves en sélectionne une quinzaine. Dans un premier temps, le rôle d’un sélectionneur est de « détecter les meilleurs talents » et cela débute par des déplacements de gauche à droite et en diagonale, sur les épreuves que disputent les coureurs sous les couleurs de leurs clubs respectifs. Puis, « a l’issue de ces épreuves on fait des stages avec les meilleurs d’entre eux, et puis des épreuves internationales sous les couleurs de l’équipe de France. » En effet, pour ces jeunes cyclistes, il existe quatre à cinq épreuves internationales dans la saison, cela peut varier à un jour comme à une course d’une semaine. On peut notamment retrouver le Tour de l’Avenir, un genre de Tour de France pour les jeunes puis les deux objectifs majeurs qui sont, « les championnats d’Europe (course en ligne et contre la montre individuel) et les championnats du monde. » Ainsi, Pierre-Yves se déplace sur les courses et à un rôle de superviseur.

Mais alors, comment se prépare ce groupe et quelles sont les épreuves que disputent ces jeunes ? Le sélectionneur nous a expliqué qu’en décembre, ils avaient fait un stage de « préparation hivernale et de cohésion de groupe en montagne, un stage sans les vélos. » Ce n’est qu’à la mi-février que les cyclistes retrouvent leurs bolides pour un gros stage cette fois-ci « consacré au vélo et à la planification de la saison 2015. » Alors, ce stage permettra à Pierre-Yves de faire des groupes, c’est-à-dire, les puncheurs, les grimpeurs, les sprinteurs… en vue de la coupe des Nations qui est un regroupement de classiques qui se suivent telles que le « Tour des Flandres espoirs en Belgique, le Tour de la Côte Picarde et une épreuve aux Pays-bas le Zedelgem Tour. » Puis, il y a une grosse préparation pour tout ce qui est championnats. Ces jeunes disputent également trois Tours avec les pros, « le Rhône-Alpes hiver Tour, la Polynormande puis le Tour de l’Ain. »

Sur quels critères sont sélectionnés ces jeunes et où se rassemblent-ils ?

C’est tout d’abord sur un critère de performances que se base Pierre-Yves pour sélectionner les cyclistes qui feront partie de son groupe. « Mais il y a d’autres critères qui rentrent en ligne de compte comme le comportement dans un collectif. » En effet, le cyclisme a beau être un sport individuel, cela reste une discipline qui se court par équipes. Pierre-Yves est « très à cheval surtout dans les catégories Espoirs et Juniors sur cet aspect collectif. Donc les seules performances ne suffisent pas, il faut aussi que le coureur montre sa faculté et son envie à s’adapter au groupe et à performer au niveau collectif. » Et puis il y a aussi les critères comportementaux, autant vous dire qu’un coureur qui rentre bourré peut faire ses valises sur le champs !

Le point de chute c’est évidemment au siège de la Fédération Française de cyclisme, sur « le beau vélodrome de St Quentin en Yvelines. » Ici, le groupe de Pierre-Yves a la possibilité de faire des stages, mais cela reste problématique en ce qui concerne la route car les condition de circulation sont compliquées. Puis, c’est dans plusieurs lieux que l’équipe se réunit.

Pierre-Yves Chatelon au milieu et à droite Tony Gallopin

Pierre-Yves Chatelon au milieu et à droite Tony Gallopin

Découvrons maintenant le bonhomme…

Ce n’est pas par le cyclisme que Pierre-Yves Chatelon a commencé, en effet, originaire de la Loire, le sélectionneur a pratiqué la gymnastique. Cependant, son père l’amenait voir des courses comme le tour de France. C’est donc comme ça que vers ses 14 ans, « j’ai dit que j’aimerai bien essayer le cyclisme, puis j’ai chopé le virus. » Voulant passer pro, il s’était fixé un objectif, « je me suis dit si à 25 ans tu n’es pas pro ça ne sert à rien de continuer à haut-niveau. » Ainsi, il a passé des diplômes d’éducateurs et d’entraineurs.

Dans sa carrière, Pierre-Yves a vu passer bon nombre de jeunes cyclistes et parmi les plus connus, Tony Gallopin, Nacer Bouhanni, Arnaud Démare, Thibaut Pinot, Romain Bardet et Johan Le Bon pour ne citer qu’eux, ont fait partie du groupe qu’a pu entrainer le sélectionneur.

Nous lui avons posé la question suivante, « qu’est-ce que vous pensez de tout se qui ce passe dans le cyclisme, c’est-à-dire sur le dopage ? »

« On nous pose souvent cette question. Effectivement, on y a été confronté, moi même lorsque je courrais, je suis tombé dans les mauvaises années où c’était du grand n’importe quoi. Si j’ai arrêté c’est en grande partie à cause de ça car j’avais une ligne de conduite et pour passer pro à tout prix, je ne voulais pas faire des choses comme me doper. J’ai connu les années noires du vélo depuis 10 ans, ça a bien changé et notamment grâce à la France qui est un pays précurseur de la lutte contre le dopage. Chez les jeunes on fait de la prévention avec des médecins. Mais c’est vrai qu’on a plutôt mal vécu les années Armstrong par exemple, où on se rendait compte que les coureurs français ne pouvaient pas jouer dans la même cour que certains autres cyclistes. »

Pierre-Yves a étudié le tracé du Tour de France et la grande question que nous lui avons posé, c’est s’il avait un favori pour cette 102ème édition et pour lui, « Nairo Quintana à une longueur d’avance mais toujours avec deux Français sur le podium. »

Nous le remercions pour sa disponibilité.

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